Des moineaux aux nappes phréatiques, l’impact des pesticides est massif

Mardi dernier, notre chargé de plaidoyer Gaëtan Seny (à droite sur la photo) est intervenu devant les députés de la Commission de la Santé, de l’Environnement et de l’Action sociale du Parlement wallon, aux côtés d’Agathe Defourny, de Canopea (au milieu sur la photo) et Dries Verhaege de Dryade (à gauche sur la photo). Ils y ont rappelé les constats scientifiques: l’usage actuel des pesticides est non seulement insoutenable sur le long terme, mais aussi profondément destructeur pour la biodiversité, et dangereux pour notre santé.
Au pupitre, Gaëtan est revenu sur une image frappante : une étude récente révèle que le tébuconazole, un fongicide de plus en plus utilisé en Wallonie, perturbe la physiologie et la reproduction des moineaux. Ce pesticide, censé cibler des champignons nuisibles aux cultures, contribue au déclin de populations animales. Et comme il l’a souligné, de façon ironique « sauf erreur, les moineaux, ce n’est pas des champignons. »
Ce cas n’est pas isolé. De nombreuses études montrent que les pesticides affectent un large spectre d’espèces “dites non ciblées”. Autrement dit, ces pesticides impactent des espèces en dehors de leurs champs d’action.
La pollution de notre eau
Parmi ces espèces, nous, les humains. Un énorme enjeu est notamment la pollution de l’eau qu’on boit. Alors que notre connaissance sur le sujet ne fait que s’améliorer, et que les normes sur la qualité de l’eau se durcissent, la qualité de nos eaux brutes se détériore. C’est ce qu’a expliqué Agathe, de Canopea, en expliquant qu'aujourd'hui, le coût de la dépollution est payé par ... le consommateur. On est donc loin du principe du pollueur-payeur.
Un impact sur la biodiversité
Du côté biodiversité, une méta-étude publiée cette année dans Nature Communications établit un lien direct entre pesticides et déclin de la biodiversité à l’échelle mondiale. Ce qui se passe en Wallonie confirme ce constat. L’indice des oiseaux des milieux agricoles, élaboré à partir des données recueillies par des milliers d’observateurs volontaires et analysées par Natagora, montre qu’en 35 ans, les effectifs d’oiseaux liés aux terres agricoles ont chuté de plus de 60 %. Cette dégradation est multifactorielle, mais l’intensification de l’agriculture, particulièrement via les pesticides et les engrais de synthèse, en est la principale cause.
Cette érosion de la biodiversité devrait alarmer nos décideurs. Non seulement pour les espèces elles-mêmes, mais pour ce qu’elles représentent. Car derrière chaque espèce qui décline, ce sont des services vitaux rendus à la société qui disparaissent. La nature assure gratuitement des fonctions indispensables au secteur agricole. Des pollinisateurs plus présents, ce sont des revenus accrus pour les agriculteurs. Une biodiversité fonctionnelle, ce sont des auxiliaires de culture qui limitent les pressions des ravageurs, des oiseaux qui réduisent les semences de mauvaises herbes, des chauves-souris qui freinent la propagation de maladies affectant les cheptels.
Des demandes claires
Le message adressé aux parlementaires est clair : à long terme, il faudra se passer des pesticides. Mais l’urgence, aujourd’hui, est d’engager une trajectoire crédible de réduction de leur usage et des risques qui y sont liés. Il est essentiel de protéger l’eau, les riverains, et de mettre en œuvre des mesures efficaces pour enrayer le déclin de la biodiversité — en particulier de la biodiversité fonctionnelle, indispensable au bon fonctionnement des écosystèmes agricoles.
Et la suite ?
Les auditions reprennent en septembre prochain. Les Etats généraux de protection des cultures devraient être lancés un peu plus tard. Pour porter notre message auprès des décideurs politiques, une pétition a été lancée. Il ne reste plus qu’à la signer !