La Wallonie doit soutenir l’autonomie des élevages dès 2023

Publié le ven 23/09/2022 - 11:45

Les négociations du Gouvernement wallon autour du plan pour la Politique Agricole (PAC) 2023-2027 touchent à leur fin. Natagora publie son analyse et démontre que le projet sur la table pousse à l’intensification de l’élevage, balayant ambitions sociales et environnementales. La coalition d'associations environnementales ImPAACte demande aux décideurs wallons et européens de corriger le tir tant qu’il en est encore temps.

Depuis trois déjà, Natagora et ImPAACte sont parties prenantes dans l’élaboration du plan PAC pour la Wallonie. Les associations revendiquent un soutien accru à la biodiversité ainsi qu’à l’élevage pour tendre vers des modèles plus extensifs, résilients et autonomes. Bien que le discours politique penche dans ce sens et que ces deux points restent au centre des négociations grâce à l'intense implication des associations, le plan est loin d’être à la hauteur des enjeux. Ces deux orientations de l’agriculture et de l’élevage sont pourtant essentielles, car elles soutiendront la viabilité des exploitations à moyen et long terme, permettant d’éviter des impasses techniques, économiques et environnementales aux agriculteurs.

L’élevage extensif favorise la résilience

Entre l’augmentation des prix des aliments pour le bétail, les sécheresses qui se multiplient et la baisse de leurs marges, les éleveurs wallons sont sous pression. Et face à ces chocs à répétitions, les élevages herbagers et autonomes (sans intrants ni aliments achetés hors exploitation) se montrent plus résilients. Comme souvent, l’enjeu social rencontre l’enjeu environnemental : augmenter l’autonomie des élevages, c’est du même coup réduire les émissions de gaz à effet de serre liées au bétail, tout en préservant les prairies qui sont des stocks importants de carbone et des milieux essentiels pour la biodiversité.

Des mesures de soutien à l’élevage à réformer rapidement

Natagora a analysé les soutiens financiers auxquels les éleveurs bovins viandeux pourraient prétendre si l’on appliquait l’actuel projet de PAC wallonne. Rappelons que, dans ce plan, les soutiens dédiés spécifiquement aux vaches viandeuses représenteront 21% du 1er pilier de la PAC. Un record en Europe ! Ce qui explique ce choix d’analyse.

Les conclusions sont sans appel (cf. graphe ci-dessous) : l’éleveur wallon percevra d’autant plus de subsides qu’il intensifiera son élevage en augmentant le nombre d’animaux sur sa ferme, et ce malgré les plafonds de nombre d’animaux éligibles plus stricts qu’avant dans le projet. Autrement dit, sous sa forme actuelle, le projet de PAC n’encourage pas l’autonomie et la résilience d’un élevage extensif, comme l’ont clamé les dirigeants wallons. Au contraire, il s’apprête à nouveau à promouvoir l’intensification des élevages, et donc leur plus grande vulnérabilité dans la crise alimentaire actuelle, la poursuite de la chute de la biodiversité et l’émission de gaz à effets de serre. Pour certains élevages plus extensifs, les soutiens sont même en régression ! Ce qui n’est pas légal au sens du règlement de la PAC européenne. 

Graphe illustrant le montant cumulé des aides à l'élevage en fonction de la densité de bétail viandeux

 

ImPAACte demande aux décideurs wallons et européens de prendre acte de cette situation et d’y remédier au plus vite. Les associations resteront sur le pont jusqu’au bout pour défendre leurs valeurs et les éleveurs qui s’engagent et prennent des risques dans la transition vers un élevage respectueux de la biodiversité.