La ferme Leurquin, à Salles (Chimay), remporte le titre de plus belle prairie wallonne 2025

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Natagora, la FUGEA et Natagriwal ont remis, aujourd’hui, à la Foire agricole de Libramont, les prix de leur concours “Qu’elle est belle ma prairie ! Des fermes autonomes, des prairies florissantes”. Organisé par la FUGEA, Natagora et Natagriwal, ce concours récompense pour la onzième année les pratiques agricoles qui permettent de préserver la biodiversité comme l’autonomie fourragère et l’élevage extensif.

La cérémonie de remise des prix s’est tenue ce samedi 26 juillet à 15h en présence des représentants de la Ministre de l’Agriculture et de la Ruralité, en charge de la Forêt, de la Nature, de la Chasse et de la Pêche, Anne-Catherine Dalcq, ainsi que du Ministre de la Santé, de l'Environnement, des Solidarités, de l'Économie sociale, de l'Égalité des chances et des Droits des femmes, Yves Coppieters.

Face aux défis climatiques, à l’effondrement de la biodiversité et aux pressions croissantes sur le monde agricole, ces fermes inspirantes montrent que des solutions existent déjà, ici en Wallonie. Le concours met en lumière des femmes et des hommes qui inventent une autre manière de produire, plus respectueuse de la nature et des sols.

🥇 Premier prix : Olivier et Philippe Leurquin (Salles, Chimay)

En 1983, Philippe Leurquin achète une ferme à Salles et opte pour les Méthodes Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) plutôt que l’intensification. Son fils Olivier l’a rejoint en 2018, et ensemble, ils adaptent leur système aux réalités climatiques actuelles. Leur élevage de Blanc-Bleu mixtes est mené en agriculture raisonnée.

Olivier et Philippe Leurquin (Salles, Chimay)

 

Leur prairie de 10 ha, en un seul tenant, est une parcelle humide trop froide pour d'autres usages que la prairie. Engagée depuis le début du programme agro-environnemental en mesure ciblée “prairie de haute valeur biologique” (MC4), elle est pâturée extensivement, c.-à-d. avec une faible densité animale par unité de surface, et est gérée sans fertilisation. On y observe plusieurs centaines d’orchis mâles, d’orchis tachetés, et même le triton crêté. “C’est un milieu très sauvage, un vrai lieu de ressourcement”. Leur maillage écologique est particulièrement développé, et c’est à l’encouragement de leurs enfants qu’ils doivent leur participation cette année.

Le jury a apprécié  leur démarche exemplaire de préservation de la nature dans un cadre raisonné, la belle image de transmission père-fils, l’engagement rare d’un élevage en race locale menacée, et la qualité exceptionnelle de la prairie, suivie depuis le début du programme MAEC.

🥈 Deuxième prix : Maxime Mélon (Viroinval)

Installé depuis 1999, Maxime Mélon a repris la ferme de son beau-père et engagé une conversion vers l’agriculture biologique. Il élève des bovins Aubrac et des moutons “Entre-Sambre-et-Meuse”, une race locale menacée, sur 50 ha de prairies permanentes. Très ancré localement, il développe des activités socio-culturelles, un camping à la ferme et un pressoir partagé avec le village. Toute la production est transformée et vendue sur place.

Maxime Mélon (Viroinval)

 

Sa prairie (1,1 ha) présentée au concours est reprise dans le réseau Natura 2000 et exploitée en fauche et pâture. Dans les années 80, cette parcelle communale a échappé à un projet touristique grâce à une mobilisation citoyenne. Elle est aujourd’hui engagée en MAEC “prairie de haute valeur biologique”, avec zone refuge et pratiques extensives. On y observe une flore riche (flouve odorante, fétuque rouge, centaurée…) et des espèces emblématiques comme la pie-grièche et le chevreuil. Maxime Mélon aime “travailler avec ce que la nature offre spontanément”.

Le jury a apprécié l’intégration d’ovins “Entre Sambre et Meuse”, une race locale menacée, la richesse exceptionnelle de la flore de la prairie, l’autonomie totale de la ferme en fourrage et alimentation, la forte dynamique locale portée par l’agriculteur, sa volonté d’aller plus loin encore, avec le creusement prochain de mares.

🏆 Prix Jeune : Mathéo Anceau (Doische)

Installé depuis 2024, Mathéo Anceau, le plus jeune candidat ayant jamais participé au concours, a repris la ferme familiale, active depuis cinq générations et convertie en bio en 1994. Il élève des Blondes d’Aquitaine sur 58 ha, dont 82 % de prairies, avec une autonomie fourragère de 100 % et un système d’élevage extensif. Il a déjà replanté des haies et projette de développer la vente de viande en colis.

Mathéo Anceau (Doische)

 

La prairie présentée (1,5 ha) est permanente. Elle est exploitée depuis plus d’un siècle et engagée dans le programme de Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) comme “Prairie de haute valeur biologique” depuis 2019. Fauchée une fois le 1ᵉʳ juillet puis pâturée en fin d’été, elle est gérée sans intrants. Elle accueille une flore diversifiée et les haies sont propices aux chauves-souris. Ce que Mathéo apprécie dans cette prairie, c’est son exposition, la proximité de l’eau, les haies et le lien affectif avec ce village de ses arrière-grands-parents, “l’un des plus beaux de Wallonie”.

Le jury a salué sa forte motivation, son jeune âge – il est rare de reprendre une ferme si tôt, son autonomie dans les décisions, même si son père reste impliqué, la qualité de la prairie et l’exemplarité de son engagement.

 

Concours "Qu'elle est belle ma prairie !" - 11ᵉ édition

Organisé par Natagora, Natagriwal et la FUGEA, le concours “Qu’elle est belle ma prairie ! Des fermes autonomes, des prairies florissantes” met à l’honneur les agriculteurs et agricultrices qui allient production agricole et respect de l’environnement. Cette année, l’autonomie fourragère est à l’honneur. En onze éditions, 291 prairies ont été visitées dans les cinq provinces wallonnes.

Le concours valorise l’élevage extensif et autonome, bénéfique pour la biodiversité, et permet de faire connaître des démarches agricoles wallonnes encore trop peu connues du grand public.