Un an après, la restauration de la nature manque de moyens

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Namur, le 15 juillet. Un an après la mise en place du nouveau gouvernement wallon, le bilan en matière de protection de la nature reste contrasté. Malgré la volonté de la Ministre de la Nature Anne-Catherine Dalcq de restaurer les écosystèmes wallons, aujourd’hui en mauvais état, les coupes budgétaires du gouvernement impactent des projets importants de restauration sur le terrain. Avec des impacts non seulement pour la nature, mais de nombreux acteurs qui en dépendent, comme les agriculteurs.

La politique nature du nouveau gouvernement avait mal commencé : à l’automne 2024, le budget 2025 de la politique sectorielle de protection de la nature avait été raboté de plus de 17 millions d’euros, sans stratégie de remplacement, provoquant une forte réaction de la société civile.

Il faudra attendre quelques mois pour que la Ministre de la Nature, Anne-Catherine Dalcq, se prononce sur sa vision pour ses compétences liées à la nature. Le 5 juin dernier, la Ministre annonce vouloir faire de la restauration du vivant le fil rouge de sa politique, relançant notamment l’objectif de 5 % de protection forte du territoire et le développement d’un plan wallon de restauration. Pour le moment, suite aux décisions budgétaires de l’automne 2024, cette volonté politique semble privée de moyens suffisants. D’ici à septembre 2026, la région wallonne a pourtant l’obligation de remettre son plan de restauration de la nature à la Commission européenne.

Des décisions budgétaires qui se font sentir sur le terrain, avec des projets qui devront être arrêtés cet été. Parmi ceux-ci, des projets emblématiques pour la restauration de la nature, comme la restauration de réseaux de mares agricoles. Ce projet, porté depuis 2017 par Natagora, avec le soutien de la Région wallonne et en collaboration étroite avec les agriculteurs, a permis de créer ou restaurer presque 400 mares en Wallonie. Faute de moyens, il arrive à son terme à la fin de ce mois. Plus de 250 mares sont déjà identifiées pour 2025, mais il sera difficile de les réaliser sans ce financement.

La liste des bienfaits apportés par ces mares est pourtant vertigineuse : pour les agriculteurs, partenaires du projet, les mares permettent de mieux valoriser des zones humides plus difficilement exploitables, en permettant l’abreuvement du bétail, et en simplifiant la gestion par concentration de l’eau. Elles permettent également de lutter contre l’érosion et les inondations, améliorent notre capacité à infiltrer de l’eau dans les sols. Sans parler de leur importance capitale pour bon nombre d’espèces, dont les amphibiens. Un projet concret de restauration donc, s’inscrivant dans les objectifs de la Loi de restauration de la nature.

Les restrictions budgétaires impactent d’autres projets de restauration phare, comme Yes We plant, dédié à la plantation de haies. Un autre aspect important pourtant prévu par la loi sur la restauration de la nature.

L’ajustement budgétaire adopté mercredi dernier semble vouloir rectifier le tir, en allouant une enveloppe ponctuelle de 5 millions d’euros pour la biodiversité. Dans les faits, cette enveloppe permettra à l’administration de poursuivre ses missions de base comme la gestion des forêts et réserves naturelles domaniales. Aucun budget structurel n’a encore été prévu pour relancer des projets concrets sur le terrain.

Photos : Luca Fagan