Concertation sur la PAC wallonne : les ONG dénoncent leur mise à l'écart

Publié le

Ce vendredi 18 juillet, les associations environnementales, Canopea, Natagora et Nature & Progrès ont envoyé des représentants en carton à la réunion du Comité wallon de suivi de la Politique Agricole Commune (PAC). Un geste symbolique fort pour dénoncer un processus de concertation vidé de toute substance, alors même que la PAC façonne notre alimentation, nos paysages, et mobilise plus de 400 millions d'euros de fonds publics chaque année. La participation effective de la société civile dans ce processus est pourtant cruciale. 

Le comité de suivi PAC est un organe qui rassemble l’ensemble des parties prenantes concernées par la politique agricole en Wallonie. Le comité se prononce sur le plan stratégique PAC wallon et son évolution. Les organisations environnementales appellent à une réforme en profondeur de ce comité.

Bien qu’elles y soient formellement invitées, les décisions sont en réalité prises ailleurs, lors de réunions entre le gouvernement, l'administration et les syndicats agricoles. Avant même que le Comité ne se réunisse, une position est déjà formellement validée par le gouvernement. Jeu de dupes privant les organisations environnementales de toute possibilité de contribuer. Cette mise à l’écart de la société civile fragilise la légitimité des décisions prises, qui ont un impact durable non seulement sur le revenu des agriculteurs, mais également sur nos paysages, notre santé, la biodiversité, et l’environnement.

Gaëtan Seny, Responsable Politique Agriculture chez Natagora, a déclaré : “Nos organisations ont l’expertise, la légitimité et la volonté de contribuer à des politiques agricoles plus durables et plus justes. Pourtant, on cherche à nous tenir à l’écart. Nous demandons un véritable espace de dialogue.

En Wallonie, la PAC mobilise près de 400 millions d’euros de fonds publics chaque année. Il paraît essentiel qu’une telle allocation budgétaire puisse faire l’objet d’un dialogue élargi, incluant l’ensemble des parties prenantes, au-delà des seuls bénéficiaires directs.

Le Règlement européen 2021/2115 prévoit une consultation équilibrée des parties prenantes pour la conception et la révision des plans nationaux. Et pour cause : les politiques agricoles ont des impacts bien au-delà du seul secteur agricole.

Natagora, Canopea et Nature & Progrès appellent dès lors à une réforme en profondeur du processus en place. Il faut garantir une concertation équitable entre toutes les parties prenantes ; un accès égal à l’information ; un traitement rigoureux des propositions ; ainsi qu’une évaluation annuelle du fonctionnement du comité. Ces garanties sont indispensables pour restaurer la confiance et assurer la qualité des politiques publiques.

Cette interpellation intervient à un moment décisif : la Commission européenne vient de présenter sa proposition pour la future PAC 2028-2034, qui renforce considérablement le rôle des États membres. Cette marge de manœuvre supplémentaire rend d'autant plus crucial que les intérêts collectifs soient représentés au même titre que les intérêts sectoriels dans les espaces de consultation. En effet, la PAC façonne 44 % du territoire wallon, conditionne la santé de nos écosystèmes et influence directement la qualité de notre environnement et de notre alimentation.