La nature, de retour sur l’agenda politique wallon ?

D'ici la mi-juillet, le Parlement wallon adoptera un ajustement budgétaire revoyant légèrement à la hausse les moyens alloués à la biodiversité. Un vote qui suit l’annonce d’une stratégie focalisée sur la restauration, annoncée le 5 juin par le Gouvernement wallon pour renforcer la protection du vivant. Si nous saluons ce réveil politique, nous rappelons toutefois un manque de moyens face aux besoins de restauration.
Le 5 juin, dans un communiqué de presse, le gouvernement a réaffirmé sa volonté de restaurer les écosystèmes et rappelle un objectif déjà inscrit dans la Déclaration de politique régionale : atteindre au moins 5 % du territoire wallon sous protection forte.
Un discours que la Ministre de la Nature elle-même a réitéré, lors de notre conférence annuelle, affirmant que la protection de la nature est, à ses yeux, une condition du développement territorial – et non une contrainte. Elle a également lancé l’élaboration du futur plan wallon de restauration de la nature, qu’elle souhaite inscrire comme fil rouge de sa politique nature.
Un signal positif, toujours trop peu de moyens
Ces signaux vont dans le bon sens. Mais cette volonté reste, pour l’instant, une déclaration d’intention. Aucun plan d’action, aucun calendrier, aucun moyen structurel n’a été précisé.
Côté budget, le Gouvernement tente de réparer une partie des dégâts causés par la réduction drastique des moyens dédiés à la biodiversité l’an dernier. Une enveloppe ponctuelle a été annoncée. Celle-ci permettra notamment l’administration d'opérer ses missions de bases, dont notamment la gestion des sites naturels domaniaux. Mais elle reste insuffisante pour inverser la tendance : en Wallonie, les espèces continuent de disparaître, les habitats de se dégrader, et les porteurs de projets locaux manquent toujours cruellement de soutien. De notre côté, des projets-phare de notre organisation sont mis en sérieuse difficulté suite à la décision de réduction du budget.
Chez Natagora, si nous saluons ce réveil politique, nous rappelons une chose simple : aucun habitat ne se restaure avec des mots. La biodiversité s’effondre – et avec elle, notre système immunitaire naturel. Restaurer la nature, c’est soigner ce qui nous protège. Et pour l’instant, les moyens ne suivent pas l’urgence.