Natagora salue le départ d’Edgar Kesteloot et son action pour la conservation de la nature en Wallonie, en Belgique et dans bien d’autres régions du monde

Publié le jeu 22/06/2023 - 12:12

La figure d’Edgar Kesteloot est chère aux membres, aux bénévoles et à l’équipe professionnelle de Natagora. Edgar s’est retiré de la présidence de ce qui était, il y a plus de trente ans, les "Réserves Naturelles & Ornithologiques de Belgique" (RNOB — Belgische Natuur en Vogel Reservaten), association déjà bien connue pour son action de maîtrise foncière et de gestion active des milieux et des espèces les plus fragiles.

Edgar n’avait pas encore pris sa retraite quand une loi spéciale de réforme de l’Etat — parmi tant d’autres — a été adoptée afin de régionaliser la compétence "Conservation de la nature", laquelle serait désormais gérée par les Gouvernements régionaux de la Flandre et de la Wallonie, puis de Bruxelles-Capitale. Il ne soutenait guère cette option et a œuvré, avec conviction, pour que les deux associations que les RNOB/BNVR, désormais réorganisées en deux entités régionales, à savoir Natagora et NatuurPunt, gardent des liens réels, amicaux et utiles à la conservation de la biodiversité dans notre pays. C’est bien le cas aujourd’hui et il en était fier et heureux.

Edgar Kesteloot avait une finesse d’analyse et une écoute impressionnante. Il a ainsi souvent trouvé les mots et les propositions qui conciliaient des options contradictoires, et qui apaisait les difficultés.

En effet, c’est sous le regard d’Edgar que les grandes options de conservation ont été établies par les RNOB/BNVR, à la demande de nombreux administrateurs et administratrices :

  1. développer un réseau de réserves par acquisition et maîtrise du foncier, avec le maître mot "une réserve naturelle se doit être pour toujours : il faut donc que ce soit nous dans le cockpit" ;
  2. la conservation des espèces et des habitats ne peuvent se faire qu’en s’appuyant sur des données scientifiques robustes : il nous faut donc connaître et étudier les espèces et leurs milieux ;
  3. le public doit être sensibilisé et amené à soutenir les projets et participer activement à leur développement.

De grands projets ont alors été conçus. Pour la Wallonie, on peut citer l’achat du grand marais de Hensies dans le Hainaut en 1986, aujourd’hui géré en parfaite intelligence avec le Service Public de Wallonie, et couvrant 550 ha de zones humides exceptionnelles ; le développement de la réserve naturelle de Virelles, initié en 1983, avec la Société d’études ornithologiques AVES et le World Wildlife Fund, aujourd’hui un site exceptionnel de 125 ha, pleinement ouvert au public au travers d’un dispositif d’accueil original, l’Aquascope. 

Parallèlement à de telles opérations d’ampleur, la stratégie des tout petits mais très nombreux pas a été mise en œuvre, permettant d’acquérir, ares par ares, des sites souvent délaissés, mais abritant un patrimoine naturel exceptionnel — ainsi, les marais de la haute-Semois ou les vallées de l’Est du pays, bien connues pour les immenses tapis de jonquilles fleurissant en mai; ce projet a démarré en 1977 par un achat minuscule.

À toute sa famille, à tous ses proches et amis, Natagora, ses membres, ses volontaires et son équipe professionnelle souhaitent rendre hommage à son action et à sa bonne humeur, et ainsi saluer sa mémoire.

Texte : Emmanuël Sérusiaux - Président des Réserves Naturelles-RNOB (aile francophone des R.NO.B.) 1992-1999 et Président de Natagora 2012-2017