Jusqu’en Chine pour la protection des martinets

Publié le lun 16/06/2025 - 15:22

Symbole écologique de Pékin, le martinet de Pékin fait l’objet depuis 2014 d’un ambitieux programme de recherche scientifique international. Au cœur de cette coopération, des experts, dont une volontaire belge de Natagora, s’associent pour mieux comprendre et protéger cet oiseau migrateur fascinant, capable de parcourir près de 30 000 km sans jamais se poser.

Le martinet de Pékin (Apus apus pekinensis) est une sous-espèce du martinet noir (Apus apus), bien connu sous nos latitudes. Décrit pour la première fois à Pékin, cet oiseau est devenu un symbole écologique emblématique de la capitale chinoise. Depuis 2014, un projet scientifique collaboratif entre la Chine et l’Europe vise à mieux comprendre cette espèce : écologie comportementale, étude des zones d’hivernage en Afrique, cartographie des couloirs migratoires… Après quelques années d’interruption, le projet a repris. C’est dans ce cadre qu’une des volontaires du Groupe de Travail (GT) Martinets de Natagora s’est rendue en Chine début juin.

Martine Wauters, volontaire du GT Martinets et partenaire du projet scientifique, raconte : « J’ai été invitée par l’Ambassade de Belgique en Chine et l'Académie de foresterie et d'architecture paysagère de Pékin pour partager notre expertise en matière de protection des martinets. J’ai ainsi eu l’opportunité de m’adresser à un large public composé de hauts responsables d'agences gouvernementales, de scientifiques et de représentants d'associations. Pouvoir diffuser les bonnes pratiques auprès d’un tel auditoire est une véritable chance pour la préservation de ces oiseaux exceptionnels. »

Le 7 juin, à l'occasion de la Journée mondiale du martinet, la coopération internationale a officiellement redémarré avec la pose de 41 géolocalisateurs de dernière génération sur les martinets du Palais d'Été, par une équipe mixte sino-belge. Ces dispositifs permettront de collecter de précieuses données sur les schémas de migration et d’alimentation de ces oiseaux uniques, qui ne passent que trois mois à Pékin avant d’entamer un voyage aller-retour d’environ 30 000 km vers l’Afrique australe. Certains géolocalisateurs, équipés d’accéléromètres, pourraient même permettre de vérifier si ces oiseaux, qui mangent, boivent et dorment en vol, effectuent l'intégralité de ce périple sans jamais se poser, comme beaucoup le soupçonnent.

Martine Wauters, avec le scientifique belgo-britannique Lyndon Kearsley et une présentatrice vedette de la télévision nationale à la place Tiananmen, où niche une importante colonie de Martinets
Martine Wauters avec le scientifique belgo-britannique Lyndon Kearsley et une présentatrice vedette de la télévision nationale, à la place Tiananmen où niche une importante colonie de Martinets

 

L’année prochaine, le suivi des données impliquera également des scientifiques africains du Botswana, de Namibie et d’Afrique du Sud, principales zones d’hivernage de l’espèce. Les connaissances acquises grâce à ces nouvelles technologies permettront non seulement de mieux orienter les actions de conservation tout au long du parcours migratoire du martinet, mais aussi de renforcer les liens entre les peuples, en favorisant des échanges entre organisations de protection de la nature, à Pékin et en Afrique australe.

“La protection de la nature n’a pas de frontière” ajoute Martine Wauters. “Cette collaboration internationale illustre parfaitement comment les efforts conjoints peuvent contribuer à la conservation de la biodiversité.” L’année prochaine, une petite délégation de scientifiques chinois devrait venir en Belgique pour visiter les projets en faveur des martinets, aux côtés de nos volontaires, et rencontrer une série d'acteurs locaux.