Les sciences participatives révèlent le déclin du lézard le plus commun de Wallonie
Une étude menée par Natagora et le CNRS montre qu’il est désormais possible de suivre la dynamique d’espèces sauvages grâce aux observations citoyennes. En analysant les données partagées par le public, les chercheurs ont constaté que l’aire de répartition du lézard vivipare a fortement diminué en Wallonie en seulement 14 ans. Ces résultats illustrent tout le potentiel des sciences participatives pour surveiller des espèces moins menacées, souvent absentes des programmes de suivi traditionnels.
En collaboration avec le chercheur Olivier Lourdais du CNRS, Thomas Duchesne et Eric Graitson, herpétologues chez Natagora, ont publié mi-octobre 2025 une étude pilote dans le European Journal of Wildlife Research. Cette étude démontre l’utilité grandissante des données issues des portails d’encodage citoyen, comme Observations.be, pour évaluer la dynamique des populations d’espèces sauvages. Ces données sont souvent collectées sans protocole standardisé proprement défini, ce qui pose d’importants défis méthodologiques : comment distinguer les observations fortuites des prospections ciblées ?, comment estimer des tendances à partir de données hétérogènes et en constante augmentation ?
Pour répondre à ces questions, les herpétologues de Natagora se sont basés sur un cas concret. Ils ont développé une méthode d’analyse de tendances afin de quantifier le déclin d’un reptile initialement considéré comme abondant et largement répandu sur le territoire : le lézard vivipare (Zootoca vivipara). Sur base de la longueur de la liste de reptiles recensés par un observateur sur un site à une date précise, cette méthode analytique permet d’estimer la probabilité de détecter et d’encoder l’espèce. L’étude intègre également des variables écologiques et spatiales (couverture forestière ou de prairie d’intérêt biologique, altitude…) pour analyser les processus de colonisation et d’extinction locale du lézard vivipare.
Estimation de la probabilité d’extinction du lézard vivipare entre 2010 et 2023 (14 ans).
Les résultats sont sans appel : en 14 ans, l’espèce a perdu près de 12 % de son aire de répartition totale en Wallonie. Les zones de basse altitude, peu boisées et pauvres en prairies de haut intérêt biologique, sont les plus exposées au risque d’extinction. Certaines régions, comme le Condroz, la Famenne et la Calestienne, ont déjà probablement vu disparaître l’espèce sur de nombreuses stations.
Thomas Duchesne, expert en herpétologie à Natagora : “Cette étude illustre le potentiel des données citoyennes pour la recherche. Chaque observation encodée sur des plateformes comme Observations.be contribue à une meilleure compréhension de la dynamique des espèces. Et face à la dynamique observée, des actions de conservation plus ciblées peuvent être entreprises pour préserver la biodiversité. Nous encourageons chacun à participer à cet effort collectif en encodant leurs observations sur Observations.be.”
Observations.be : un portail d'encodage pour tous
Observations.be est l'interface quotidienne de partage et de gestion de millions de données d'observations naturalistes, gérée par Natagora. Devenu un outil incontournable pour le monitoring de la biodiversité en Belgique, cette base de données est utilisée par les professionnels et les citoyens curieux de mieux connaître la nature qui les entoure.
Des applications gratuites liées à Observations.be existent : ObsMapp pour Android, iObs pour Apple. Elles permettent d’encoder des observations directement depuis le terrain. L’une d’elle est spécialement développée pour l’aide à l’identification d’espèces à partir de photos : Obsidentify (Android et Apple).