Atlas des oiseaux à Bruxelles : là où on lui laisse la place, la biodiversité renaît

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Bruxelles Environnement publie une nouvelle mise à jour de l’Atlas des oiseaux nicheurs, réalisée avec Natagora et Natuurpunt. Le constat est contrasté. Certaines espèces progressent, notamment celles liées aux milieux humides, profitant des améliorations de la qualité de l’eau et de la gestion des berges. Mais l’Atlas montre aussi une tendance préoccupante : les espèces dépendantes des milieux ouverts urbains — friches, pelouses pionnières, terrains non bâtis — sont celles qui s’effondrent le plus. Plusieurs, déjà en recul il y a vingt ans, ont désormais disparu.

L’Atlas des oiseaux nicheurs de Bruxelles (à télécharger ici) a été publié le 28 octobre, une quinzaine d’années après la dernière édition. C’est un travail important, réalisé en collaboration avec Natagora, qui permet de comprendre l’évolution des oiseaux dans notre capitale. Celle-ci est différente en fonction des espèces. 

Pour commencer avec le positif : les oiseaux liés aux milieux aquatiques se portent bien. L’Atlas montre que les milieux aquatiques ont bénéficié de beaucoup d’aménagements à Bruxelles ces dernières années, et ceux-ci portent leurs fruits.

Mais l’Atlas rappelle également que la fragmentation, l’urbanisation et l’artificialisation des sols restent des causes majeures du déclin de la biodiversité. Les espèces déjà fragilisées y sont particulièrement sensibles, notamment de nombreux petits passereaux insectivores spécialisés des milieux ouverts et semi-ouverts, comme les friches urbaines ou les zones agricoles. Ces espaces, trop souvent considérés à tort comme vacants, se raréfient au profit de projets immobiliers. Aujourd’hui, plus de la moitié du territoire bruxellois est imperméabilisé.

Ce constat s’inscrit dans une prise de conscience croissante à tous les niveaux. L’Union européenne vise le "zéro artificialisation nette" d’ici 2050 et impose la restauration des habitats essentiels, y compris en ville. En octobre dernier, un tribunal bruxellois avait déjà reconnu la vulnérabilité des derniers espaces ouverts en imposant un moratoire climatique sur l’urbanisation des terrains non bâtis de plus de 0,5 hectare. Une décision exceptionnelle qui pointait les limites du cadre d’aménagement actuel.

Les données publiées aujourd’hui renforcent la nécessité de revoir en profondeur le Plan Régional d’Affectation des Sols (PRAS). Pour Natagora, cette révision doit reconnaître les friches comme de véritables milieux écologiques et intégrer les continuités écologiques comme éléments structurants de la planification urbaine.

L’atlas le montre : là où la Région protège et restaure les habitats, les espèces répondent. Là où les habitats disparaissent, elles s’éteignent. Le futur PRAS doit enfin tirer toutes les leçons de ce constat.