Disparition du bocage, stop à l’impunité !

Publié le lun 18/02/2019 - 12:40

Mi-décembre, des centaines de mètres de haies d’une vaste zone de cultures ont été rasées dans le hameau d’Outrelouxhe. Vu l’ampleur des interventions, plusieurs riverains ont interpellé le Département de la Nature et des Forêts, qui a fait arrêter les travaux, après avoir constaté les faits. Trop tard pour empêcher plus de 1500 mètres de haies et bandes boisées d’être rasées, et emportées pour la production de plaquettes de chauffage.

Une zone bocagère riche en espèces sauvages

L’alternance de haies, de prairies, de cultures et de zones humides confère au Condroz un caractère bocager préservé fort utile à la biodiversité. Les dégâts causés aux haies et bandes boisées sont particulièrement dommageables pour les espèces sauvages, en déclin, qui les peuplent : bruants, tarier, fauvettes, chauves-souris… Mais ils font également disparaître leurs bénéfices en zone de culture : réduction de l’érosion et des phénomènes de lessivages de nutriments, protection face aux vents et à la dispersion des pesticides, augmentation des auxiliaires de cultures…  Le captage de l’IDEN, par exemple, est situé en contrebas de la zone concernée. Quel sera l’impact sur la qualité des eaux consommées par la population ?

Des projets pour… replanter des haies

À l’heure actuelle, pour réparer les dégâts du remembrement agricole, des millions d’euros sont pourtant dépensés pour restaurer les éléments paysagers en zone agricole par la Wallonie, l’Europe, des associations environnementales… Depuis 2015, le projet LIFE Pays mosan, porté par Natagora, œuvre ainsi à la restauration du bocage de la région. Plusieurs dizaines d’agriculteurs font appel à ses services pour recréer des couloirs boisés, parfaitement compatibles avec les pratiques agricoles modernes. Plus de 60 kilomètres de linéaires ont ainsi été plantés dans le cadre du projet depuis 2015. Il faudra toutefois être patient pour que ce nouveau bocage joue pleinement son rôle.

À Modave, l’enjeu est particulièrement important : des chauves-souris désormais rarissimes (petits rhinolophes) sont présentes et nécessitent la présence d’éléments bocagers (haies, vergers, bosquets, arbres isolés).

Il est temps que les pratiques agricoles respectent le paysage et les terroirs. Le Condroz est caractérisé par une mosaïque de cultures, pâtures et d’éléments bocagers. Ces éléments ont toute leur place dans l’espace agricole de demain. Il faut que cesse leur disparition et il est urgent d’inverser la tendance.

Frédéric Degrave, chargé de mission LIFE Pays Mosan : "Le cas présent est d’autant plus dommageable que de nombreux agriculteurs s’engagent dans toute une série de mesures agro-écologiques. Le comportement de quelques-uns éclabousse toute la profession. Ce cas est exemplaire, il doit être pris au sérieux et poursuivi. Les procès-verbaux du Département des Natures et Forêts sont souvent classés sans suite. Le dossier est exemplatif, il faut cesser l’impunité ! Natagora et les riverains surveilleront cela de près."