Vallée de l'Hermeton
La renaissance d’une vallée fagnarde
L’histoire de la réserve est liée à un oiseau discret aujourd’hui très rare : le râle des genêts. Lorsque le programme européen LIFE a lancé un plan de sauvegarde pour cette espèce, Natagora a acquis peu à peu plus de cinquante hectares le long de l’Hermeton. L’objectif n’était pas seulement de protéger le râle, mais de préserver tout un cortège d’habitats typiques des vallées fagnardes.
Vallée de l'Hermeton
Une mosaïque de milieux
La vallée, large et peu pentue, descend doucement de 175 à 115 mètres d’altitude. Le climat, tempéré et humide, mêle brouillards matinaux et gelées tardives. Sous la surface, des schistes gorgés d’eau expliquent la présence de ces sols argileux qui se gleyifient au moindre excès d’humidité. C’est cette base géologique qui a façonné la mosaïque de milieux : prairies de fauche, bas-marais, magnocariçaies, roselières et mégaphorbiaies à reine des prés. Les lisières forestières, quant à elles, accueillent chênes, charmes et saules, créant une gradation naturelle entre clairières ouvertes et ombres boisées.
Faune et flore remarquables
La flore y est spectaculaire. Dans les prés les plus pauvres en nutriments, l’orchis de mai, la scorsonère des prés ou l’œnanthe fistuleuse rappellent combien la fauche tardive favorise la diversité végétale. La rivière abrite la mulette épaisse, un mollusque d’eau douce très sensible à la qualité de l’eau. La vipère péliade se faufile dans les friches, les haies et les zones refuge laissées après fauchage, tandis que dans le ciel passent bondrée apivore, cigogne noire et faucon hobereau.
Intervention et libre évolution
Préserver ces milieux naturels exige pourtant plus qu’un simple statut de protection. Depuis sa création, la réserve repose sur une gestion active menée essentiellement par quatre agriculteurs partenaires : fauches tardives, exportation du foin, défrichage ponctuel, creusement de mares et, plus récemment, pâturage léger par des chevaux. Ces pratiques maintiennent les sols pauvres, limitent l’embroussaillement et permettent aux plantes de lumière de se ressemer. Dans les zones trop humides ou difficiles d’accès, l’intervention est moindre. Là, la végétation ligneuse colonisatrice se développe : arbustes pionniers, jeunes aulnes, saules, et déjà une faune différente.