EUROPE
Les résultats des votes passés ne sont pas une garantie pour l’avenir, mais ils constituent une analyse comparative intéressante dans un contexte électoral où les partis politiques mettent en avant les promesses de leurs programmes.
Comment les parlementaires belges ont-ils voté sur les enjeux environnementaux ?
Birdlife(a) et d’autres ONG environnementales européennes dressent le bilan de la dernière législature pour les groupes politiques européens, et tous les partis nationaux(b). Décryptage
Les grandes orientations des politiques relatives à la protection de la nature et à la lutte contre le dérèglement climatique sont de plus en plus souvent initiées par l’Europe. On pense notamment aux Directives Oiseaux et Habitats, ou plus récemment au projet de Loi de Restauration de la Nature. D’autres politiques, même lorsqu’elles ne visent pas directement la protection de la nature, ont des implications fortes sur celle-ci. La Politique Agricole Commune par exemple.
A l’aune des prochaines élections, il est donc bon de savoir qui nous a représenté au Parlement européen, et comment ces représentants ont incarné (ou non?) les priorités pour la nature. Parmi les 705 députés des 27 États membres, 22 représentent la Belgique dont huit sont élus dans le “collège francophone” (c). Les représentants belges de la législature qui s’achève sont listés ici. Les candidats francophones que nous sommes invités à élire le 9 juin prochain sont repris ici.
Au Parlement européen, chaque parti belge est intégré à un “groupe politique”, sorte de “famille” regroupant les partis nationaux aux sensibilités proches. Certains groupes sont toutefois marqués par des dissensions internes fortes avec des députés qui votent régulièrement en ordre dispersé. L’outil de Birdlife évalue les votes de tous les partis européens sur une échelle de zéro à 100 sur l’environnement globalement, puis sur les enjeux Nature, Climat et Pollutions, et enfin sur chaque texte clé.
SCORE GLOBAL(d) SUR LES ENJEUX ENVIRONNEMENTAUX
Un premier constat est que, lorsqu’on les compare à la moyenne des groupes politiques dont ils relèvent, tous les partis francophones belges votent de manière plus favorable à la protection de l’environnement. En Wallonie et à Bruxelles, nous sommes donc plus ambitieux que la moyenne européenne, et on peut s’en féliciter ! Les Engagés, par exemple, obtiennent 20 points de plus que la moyenne de leur groupe: le “Parti Populaire Européen” (PPE). Un écart significatif qui fait dire à Maxime Prévot que, vu notamment ces divergences sur le Green Deal, “Les Engagés pourraient quitter le PPE”. Et à la fois, il ressort du tableau ci-dessus qu’avec un score de 45/100 (e), les Engagés sont le seul parti francophone belge qui n’obtient pas la moyenne lorsqu’il s’agit de protéger l’environnement au Parlement européen. S’il est donc vrai que les Engagés sont parmi les plus ambitieux de leur groupe, ils n’en sont pas moins de loin les derniers de la classe francophone belge ! En haut de classement, on retrouve Ecolo et le PTB dans un mouchoir de poche, suivis du Parti socialiste puis du Mouvement Réformateur.
POSITIONS DES PARTIS SUR LES QUESTIONS DE NATURE
Sur les textes qui sont de première importance pour la nature et auxquels Birdlife et Natagora sont particulièrement attentifs, le PTB, le Parti Socialiste et Ecolo scorent remarquablement haut. À l’inverse, les Engagés, ici encore, n’atteignent pas la moyenne, avec des scores plancher sur des textes clé comme la Loi de Restauration de la Nature (22%), la Politique Agricole Commune (25%) ou encore le projet de Règlement pour la réduction des pesticides (27%).
Sur ces deux derniers textes qui ont trait aux politiques agricoles(f), le Mouvement Réformateur score également très bas: 25% pour la Politique Agricole Commune et 32% sur le projet de règlement pour la réduction des pesticides (alors que le groupe RENEW dont fait partie le Mouvement Réformateur a un score moyen de 71% sur cet enjeu). 40 points de moins sur ce texte qui visait à réduire de moitié les risques liés aux pesticides - un enjeu crucial de santé publique !
En revanche, le Mouvement Réformateur atteint un score honorable de 83% pour la Loi de Restauration de la Nature. Mais peut-être ce bon score est-il le fait d’une seule femme contre l’avis de son propre parti. La question se pose avec l’interview récente de Frédérique Ries déclarant que le bureau du Mouvement Réformateur a voulu forcer son vote contre la Loi de Restauration de la Nature. Elle explique: “Dans le programme européen du MR, il est écrit quelque part que le MR veut défendre la biodiversité. Qu’ils le disent, c’est une chose, mais ça ne se traduit pas, en tout cas, moi, je ne vois pas où ni quand.”
a. ONG mondiale fédérant des organisations de protection de la nature, parmi lesquelles Natagora
b. La méthodologie utilisée est décrite ici. Notons, par exemple, que des absences lors de sessions de vote se traduisent par des scores plus bas.
c. Un seul et même collège pour la Wallonie et Bruxelles.
d. Regroupe les enjeux Nature, Climat et Pollutions
e. 43 si on considère également les votes de Pascal Arimont du Christlich Soziale Partei germanophone.
f. Rappelons que les pratiques agricoles intensives figurent parmi les principales (si pas la principale) causes du déclin de la biodiversité en Europe.
Pour aller plus loin, ou faire votre propre analyse, naviguez par vous-même dans le tableau de bord développé par Birdlife. Il est basé sur la notation individuelle du comportement de vote de chaque membre du Parlement européen (MPE) au cours de la législature 2019-2024, en agrégeant les scores au niveau des partis nationaux et des groupes politiques de l'UE.