Que revendique Natagora ?
Natagora interpelle fréquemment les politiques régionaux et fédéraux pour demander une agriculture plus respectueuse de la biodiversité. Au niveau européen, elle se bat avec BirdLife pour l'adoption d'une politique agricole commune créatrice d'une agriculture paysanne réellement durable.
Une agriculture paysanne et familiale durable
Natagora défend le modèle d’une agriculture paysanne et familiale durable. L’agriculture durable, l’agriculture biologique, l’agriculture intégrée, l’agriculture à faibles intrants, l’agroforesterie ou la permaculture en sont différentes formes. Ces modèles proviennent d’une combinaison entre la sauvegarde de méthodes paysannes traditionnelles et la mise en valeur de l’innovation et de nouvelles pratiques agronomiques.
Ils appliquent notamment les principes de l’agroécologie, à savoir assurer le renouvellement de la biomasse et l’entretien de la fertilité des sols ; diminuer drastiquement l’utilisation d’engrais et de pesticides ; minimiser les pertes en énergie solaire et en eau ; favoriser la diversification génétique des espèces et races cultivées et élevées et des espèces de la faune et de la flore sauvage ; promouvoir les processus et services écosystémiques.
Un système agricole à repenser ensemble
La biodiversité en milieu agricole diminue dangereusement : les effectifs du moineau friquet ont chuté de 88%, 50% des hirondelles ont disparu de nos campagnes, le petit rhinolophe – chauve-souris dépendante des haies – accuse une diminution de 99,9% ! Les impacts de l’agriculture conventionnelle sont nombreux. Il devient primordial de développer et soutenir une agriculture plus respectueuse des espèces sauvages et des milieux naturels.
Pour que l’agriculture, dont la fonction première doit rester nourricière, préserve davantage l’environnement, une réorientation des subsides est nécessaire. Cette réorientation doit permettre de diminuer non seulement l’impact négatif sur l’environnement et la santé, mais également sur les coûts sociétaux indirects qu’engendre l’agriculture conventionnelle. L’argent public destiné à l’agriculture doit être principalement consacré à la production de services à la collectivité tout en contribuant à maintenir l’emploi et le tissu rural..
Une agriculture qui protège le climat et l’eau
En 2016, 13% des émissions de gaz à effet de serre en Wallonie provenaient de l’agriculture. Une large marge de progression existe, d’une part en réduisant les importations, en favorisant l’autonomie fourragère des fermes, en réduisant le cheptel, grand émetteur de méthane (25 x plus puissant que le CO2), d’autre part en profitant de la capacité de stockage du carbone des sols agricoles. Plutôt qu’un problème, l’agriculture peut se profiler comme une partie de la solution en réduisant le travail du sol, en préservant les prairies et en accroissant la part d’éléments fixateurs de carbone comme les arbres, les haies et les bandes enherbées.
52% seulement des eaux souterraines, quant à elles sont considérées comme en bon état. La pression de l’agriculture sur l’eau, souterraine comme de surface, est la principale cause de dégradation, à cause des ruissellements et du lessivage de nitrates et de pesticides. Or, de nombreuses solutions existent : bandes enherbées, couverture du sol en hiver, réduction des intrants…
La préservation du climat et de l’eau, doivent donc entrer en compte dans les politiques agricoles à venir
Une agriculture qui crée de l’emploi local !
L’agriculture que nous défendons est une agriculture locale, familiale, la plus diversifiée possible et à haute valeur ajoutée. L’agriculteur doit pouvoir être rémunéré justement, pour la qualité de son produit et pour les services environnementaux et sociétaux qu’il procure. Dans ce cadre, il est primordial de pouvoir maintenir les budgets nécessaires à un programme agri-environnemental ambitieux, à l’agriculture biologique, à la promotion et le développement des circuits courts et à toutes initiative visant à encourager et soutenir les liens entre producteurs, consommateurs et citoyens.
Pour faire face aux nouveaux défis environnementaux et systémiques, les pouvoirs publics doivent investir dans la recherche en agroécologie et y former nos agriculteurs, car la recherche est actuellement tournée encore et toujours majoritairement vers l’agrochimie.
La réduction drastique des importations en protéines végétales est un autre enjeu de notre agriculture, de la sécurité alimentaire mondiale et de la sauvegarde de la biodiversité planétaire. Nous devons produire localement des plantes protéagineuses (trèfle, luzerne, féverole…) pour réduire nos importations et nourrir le bétail, et utiliser le fumier pour fertiliser naturellement les sols.
Un accès à la terre facilité
Natagora soutient un accès à la terre facilité à l’agriculteur qui développe une agriculture familiale et durable, particulièrement pour les jeunes agriculteurs. Il est nécessaire que l’agriculteur ait accès à son outil de travail et puisse disposer de terres agricoles à un juste prix. Dans le contexte du modèle agricole actuel et de l’urbanisation continue, le prix de la terre se déconnecte de sa valeur agricole, celle-ci devenant un objet de placement spéculatif. Une des pistes de solution se trouve dans un outil de maîtrise foncière que doit développer la Wallonie (ex. : acquisition de terres par l’autorité publique pour les mettre à disposition et/ou les revendre, sous certaines conditions, à de jeunes agriculteurs).
Une agriculture qui produit des aliments sains et bons.
Les outils mis en place pour garantir la sécurité alimentaire en Belgique sont à saluer. Cependant, les normes sanitaires, actuellement définies en fonction des modes de production et de transformation industriels, doivent être revues et modulées en tenant compte des spécificités de chaque type de production.
Outre la fonction nourricière, l’agriculture remplit bien d’autres fonctions. C’est le cas par exemple de la production de biomasse à des fins énergétiques ou de la production de matières premières pour la chimie verte. Il est impératif de hiérarchiser ces fonctions : l’agriculture doit avant tout servir à produire des aliments sains, accessibles à tous, et non à utiliser les terres arables pour produire des agrocarburants ou des produits alimentaires pour animaux élevés dans un modèle agro-indusctriel hors sol.
Une action cofinancée par la Commission européenne :