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Vastes zones de forêt, pelouses sur sable acide ou calcaire, sources pétrifiantes… Cette zone naturelle à Lahage a déjà tout d’une grande réserve.

85%
Localisation
Lahage
51,44
hectares à protéger
567.000 €
à financer
3
espèces à préserver

Premier jour du printemps, le soleil est au zénith et le ciel d’un bleu éclatant. Elisabet, responsable de la zone pour Natagora, nous emmène à la sortie du charmant village de Lahage (Tintigny). Nous arrivons par le haut sur le site fort vallonné. La vue est à couper le souffle. Sur le flanc opposé, une réserve forestière intégrale de la commune de Tintigny. Au fond de la vallée, la Chevratte, qui zigzague paisiblement entre les arbres. Et à ses côtés, la ligne de chemin de fer qui relie Florenville à Virton.

À nos pieds, une vaste coupe à blanc d’épicéas scolytés descend la colline jusqu’au cours d’eau. Il y a encore quelques mois, les résineux obturaient ici la lumière du soleil. Aujourd’hui les déchets de coupe sont toujours présents, mais le ballet de nombreux papillons (paon du jour, citron, petite tortue, aurore…) laisse entrevoir l’intéressante biodiversité qui pourrait revenir sur le site.

Sous les résineux, le sable

Car ici, tout reste à faire. La gestion des milieux influencera l’arrivée d’une biodiversité variée dans la réserve. Nous descendons sur le flanc. Des effondrements laissent s’écouler le sable lorrain, partout présent sous la couche d’humus. La présence de nombreuses arabettes des sables en fleur confirme rapidement cette particularité du milieu. Les sables, lessivés au fil des siècles, se sont acidifiés et pourraient accueillir une belle pelouse acide, où s’épanouiraient la jasione des montagnes, le pied d’oiseau délicat, et de nombreuses abeilles rares creusant leurs nids dans le sable.

Mais Elisabet ne s’attarde pas. Elle nous emmène prestement à un trésor caché du site, invisible de loin : trois petits crons qui dévalent le flanc ; des sources pétrifiantes, en beau français. Un brin de géologie s’impose. Nous sommes sur la cuesta sinémurienne dont le sol est majoritairement composé de débris marins et sablonneux, donc très calcaire. Si les surfaces se sont acidifiées, le sous-sol reste calcaire et l’eau qui en sort l’est tout autant. Le liquide s’évaporant à l’air libre, ce calcaire se solidifie (comme dans la plomberie d’une machine à laver) et, s’accrochant aux végétaux présents, forme une série de constructions minérales déroutantes : vasques, gouttières et multiples concrétions particulièrement esthétiques. Plusieurs espèces rares, tant végétales qu’animales, habitent ces micromilieux très peu répandus. Le site abrite cinq de ces sources pétrifiantes.

De la place pour laisser s’épanouir la forêt

Nous nous enfonçons ensuite dans la forêt. Car, alors que les pelouses sur sable devraient jouer à terme le rôle de vastes clairières et devenir les milieux les plus diversifiés en espèces, la majorité des cinquante hectares est composée de forêts, que Natagora imagine laisser évoluer librement. Et c’est assez exceptionnel, car il y a sur le site de nombreux chênes somptueux, qui vont pouvoir rester sur pied et mourir de leur belle mort, offrant au passage le gîte et le couvert à de nombreuses espèces dépendantes des forêts anciennes.

Et cette forêt a quelque chose de magique. Apercevant au loin une tache jaune au sol, nous traversons quelques ronciers et découvrons, entre les hêtres, les chênes et les érables, un superbe tapis de jonquilles, ponctué de milliers d’anémones sylvestres et de petites pervenches. La forêt est en fleur. Au milieu de ce décor vallonné, nous ne pouvons nous empêcher de respirer un grand coup et d’écouter en silence le pic épeiche répondre au pouillot véloce.