La biodiversité: son utilité, son état

 

La classification binaire (utile vs. nuisible) est beaucoup trop simple pour plusieurs raisons.

D’abord, notre science n’appréhende (et n’appréhendera jamais) qu’une partie des interactions entre les espèces. Influer sur une espèce a priori inutile peut avoir des conséquences majeures sur d’autres (y compris la nôtre) dont on n’imaginait pas qu’elles puissent en dépendre. De plus, les êtres vivants jouent aussi un rôle fondamental sur des éléments non vivants qui nous sont indispensables : purification de l’air et de l'eau, régénération et aération des sols, régulation des cours d’eau et stabilisation du climat.


Ensuite, ce qui n’a pas d’utilité aujourd’hui peut en avoir demain. Un exemple : il y a trente ans, l’éponge des Caraïbes (Cryptotethia cripta) n’était une espèce d’éponge parmi d’autres, dont on avait certes extrait une molécule nouvelle, l’AZT, mais sans réelle utilité. Depuis, cette molécule s’est avérée être un des principaux outils dans la lutte contre le virus du SIDA.

Effectivement, de tout temps des espèces sont apparues pendant que d'autres disparaissent. La différence est qu'aujourd'hui le taux d’extinction des espèces est 100 à 1000 fois plus élevé que le rythme qui prévalait avant l'ère industrielle... alors que le taux d'apparition n'a pas changé. Le nombre total des espèces présentes sur la planète est donc en train de diminuer et ce, très rapidement.

Nous vivons donc actuellement une extinction des espèces. On considère aujourd’hui qu’au moins 75% des espèces animales et végétales présentes sur terre ont disparu en une période très courte en terme de temps géologiques. La dernière extinction de cette ampleur (dite massive) a vu la disparition des dinosaures et était la cinquième que la terre ait connu. Aujourd’hui, nous vivons donc la sixième extinction massive des espèces.

La biodiversité nous sert aujourd’hui!

Les organismes vivants et les écosystèmes qu’ils composent nous fournissent l’entièreté de notre alimentation (à l’exception du sel et de l’eau), 40 % de nos médicaments, l'essentiel de nos combustibles, des matériaux divers (bois, coton, laine…). Ils sont aussi une source infinie d’admiration et sont donc essentiels à notre équilibre mental. Ils nous fournissent aussi des services insoupçonnés! Ils purifient l’air, régénèrent et aèrent les sols, régulent les cours d’eau et stabilisent le climat. Et ces services sont gratuits ! Les technologies pour produire ces services nous coûteraient environ le double de l’argent qui circule dans le monde.

La biodiversité nous servira dans le futur!

La biodiversité est une source infinie d’inspiration. L’homme copie des formes, des matières, des propriétés, des processus et des fonctions des êtres vivants pour innover. C’est, par exemple, l’étude du vol des oiseaux qui a permis à l’homme de créer des machines capables de voler et demain, on découvrira peut-être un médicament révolutionnaire en extrayant une molécule d’une espèce aujourd’hui considérée comme banale ou sans intérêt.

Il faut aussi se rappeler que nous vivons dans un écosystème à l’équilibre fragile dans lequel chaque espèce représente le maillon d’une chaîne qui représente l’écosystème. Si on retire un maillon, la chaîne casse, l’équilibre est rompu et l’écosystème est perturbé. La biodiversité a donc un rôle de stabilisateur vis-à-vis des perturbations. En cas de raréfaction ou disparition d’un maillon au sein d’un écosystème, plus il y a d’espèces potentielles pour le remplacer, plus il y a de chances qu’un service offert par cet écosystème puisse perdurer.

Dans le mot biodiversité on trouve bio (« vie » en grec) et diversité. Il s’agit donc de la diversité du vivant, c'est-à-dire la diversité des espèces d’animaux, de plantes, de champignons… Mais c’est aussi la diversité de leurs gènes et donc des variantes au sein de ces espèces ainsi que la diversité de leurs « assemblages » (appelés écosystèmes).

À côté de ce sens premier, le mot biodiversité est souvent utilisé pour désigner l’ensemble des êtres vivants.

La disparition, ou l’apparition, d’une espèce d’un écosystème (communauté d’êtres vivants au sein de leur milieu de vie) a toujours des conséquences sur celui-ci. Elles ne sont pas toujours aussi faciles à appréhender que l'exemple suivant.

Le vautour indien, abondant jusqu’au début des années 90, a connu ensuite une régression très rapide qui fait craindre à son extinction (perte de 99,9 % des effectifs). Cette espèce, présente en Inde partout où vit l’homme, lui offrait gratuitement les services d’ébouage. Les vautours se nourrissent en effet des cadavres de bétail dans les décharges, à proximité des abattoirs, voire en rue. Leur quasi-disparition a mené à un évident problème de salubrité, favorisant la multiplication des rats et des chiens errants, favorisant la diffusion de la rage…Des chercheurs indiens ont calculé que le déclin des vautours dans leur pays a ouvert la voie, entre 1992 et 2006, à 5,5 millions de chiens sauvages supplémentaires, responsables d'au moins 38 millions de morsures d'êtres humains, dont 47 300 ont entraîné la mort par transmission de la rage !

Le baguage est une technique essentielle pour la connaissance de l’écologie des oiseaux.

Les zones d’hivernation et les chemins de migration des oiseaux évoluent avec le temps, souvent suite à la dégradation de leurs habitats habituels (en lien avec les activités humaines et le dérèglement climatique).

Les suivis permettent d'étudier les stratégies de migrations, comportements, etc. Grâce à ces informations, la communauté scientifique et les associations arrivent à mieux comprendre les espèces et à mieux les protéger.

En Belgique, l'activité des bagueurs scientifiques est strictement encadrée par le centre belge du baguage (IRSNB), qui les forment pendant de longues années, ainsi que par les autorités régionales compétentes en matière de protection des espèces (en Wallonie, le DNF), qui s'assurent que l'activité de baguage ne nuit pas aux espèces visées.

Pour plus d’informations, consultez l’article "Pourquoi baguer les oiseaux ?"

La diminution ou la disparition des «petits oiseaux» est le plus souvent imputable aux chats et surtout à la transformation du paysage : élimination des vieux arbres, des haies d'épineux… Ces arbres sont remplacés par des bouleaux ou des forsythias, qui n'offrent aucune protection pour les nichées et sont donc sans intérêt pour les oiseaux de ce point de vue.

Peuvent s’ajouter à cela des événements particuliers comme par exemple les mauvaises conditions météorologiques pendant la saison de nidification ou une longue période de couverture neigeuse, qui chasse beaucoup d'oiseaux vers le sud (mésanges, pinsons…). De telles circonstances peuvent par exemple expliquer le peu de visites aux mangeoires de nos jardins pendant l'hiver. La conséquence de ces phénomènes est une légitime impression de désert ornithologique… mais la pie n'y sera que pour peu de chose...

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