Une bergerie pour les réserves naturelles de Gaume

Publié le jeu 06/06/2019 - 18:25

Depuis plus de 15 ans, Natagora se bat pour enrayer la dégradation de la biodiversité. Ces dernières années, les efforts ont notamment été concentrés en Lorraine, au cœur d’un réseau de plus de 400 hectares de pelouses et prairies fleuries de très haute valeur biologique.

Ce patrimoine menacé est issu de pratiques agricoles ancestrales, respectueuses du sol, de l’eau et de la vie qui s’y est développée. Par le maintien de milieux naturels ouverts – non boisés – mais diversifiés, et sans pesticides ni engrais chimiques, l’agriculture extensive traditionnelle contribue ainsi à la sauvegarde de centaines d’espèces animales et végétales extrêmement menacées à l’échelle de l’Europe.

Ainsi, les prairies et pelouses du sud de la Belgique abritent encore par exemple de rares orchidées, des fleurs "montagnardes" comme l’arnica, des reptiles, et des dizaines d’espèces de papillons et d’abeilles sauvages. Les haies vives et lisières qui entourent ces milieux offrent des territoires de chasse aux chauves-souris, et permettent la nidification d’oiseaux devenus emblématiques tels que la pie-grièche écorcheur ou la discrète chouette chevêche.

 Les moutons : des tondeuses naturelles

Dans les réserves naturelles de Gaume, les sols sont souvent très pauvres, humides ou pentus. L’agriculture y est alors peu rentable et les terrains les plus difficiles intéressent peu d’agriculteurs. C’est pour cela que Natagora a pris l’option d’entretenir certains de ces terrains "avec ses propres moyens", mais toujours avec l’aide ou les conseils indispensables d’agriculteurs des environs.

Parce que les moutons sont le meilleur compromis entre efficacité du travail de gestion et soins à donner au troupeau, une bergerie a été construite ces derniers mois à Fratin, sur la commune d’Etalle, grâce aux financements du projet LIFE "Herbages", partenariat entre Natagora, la Région wallonne et le Jardin botanique de Meise. Le bâtiment permettra d’accueillir en hiver les moutons qui pâturent certaines réserves naturelles en été.

 Financement citoyen du patrimoine commun

Les premiers moutons et leur bergerie sont prêts, mais des besoins subsistent. Tout d’abord, il manque des moutons. Une quinzaine de brebis sont encore nécessaires. Ensuite, pour transporter efficacement les moutons d’une réserve à l’autre, Natagora a besoin d’une bétaillère. Des clôtures fixes autour de la bergerie doivent également être posées.

Natagora lance donc une opération originale de crowdfunding pour financer ces installations pérennes, destinées à préserve le patrimoine naturel gaumais. En fonction des dons offerts par les particuliers, l’association offre de nombreuses contreparties : visite des agneaux ou des réserves naturelles, parrainage des arbres du verger, formations à l’ornithologie…

Grâce à ces investissements, l’idée est de préserver des plantes rares comme les orchidées et des animaux en voie de disparition comme le lézard des souches. Ces espèces très menacées, si elles subsistent, seront les signes et les témoins de la qualité retrouvée de notre environnement.